Sur une proposition de Léa Drouet et de Camille Louis, l’atelier 210 continue cette année l'« École Expérimentale » une école partant des expériences plus que des expertises et invitant des personnes dont on a l’habitude de faire des "objets d’étude" (les dites « minorités », « la jeunesse », « l’enfance », « les personnes âgées »….) à prendre leur place de sujets détenteurs de savoirs singuliers et en capacité de les transmettre, de les enseigner différemment. 

S'inscrire en commun, faire mémoire à plusieurs mains

Ce nouveau weekend de l'école expérimentale incarne d'une nouvelle manière l'équilibre donné à chacune des “classes” proposées depuis octobre 2021 : un apprentissage par l'expérimentation directe puis un retour sur expérience qui non seulement « revient » mais s'interroge sur ce que l'on devient, ensemble, à partir d'un travail de mémoire partagé. 
Chaque rencontre ouvre le temps dans les deux directions...

La journée du samedi nous fera expérimenter directement ce que peut dire et acter le fait de (se) dessiner à plusieurs mains, depuis plusieurs sensibilités avec plusieurs trajets extrêmement variés qui nous réunissent à présent ici. Le collectif Baraka Grafica qui justement réunit personnes sans et avec papiers dans une fabrique collective de BD, nous transmettra ses gestes et modes de création en nous invitant à la réalisation d'une oeuvre collective. Un ouvrage en commun qui s'éloigne de l'imposition du Comme Un.

Le dimanche après-midi, nous inviterons différentes personnes (membres de la Voix des Sans-Papiers, étudiant.e.s, équipes de l'Erg TV, artistes, participant.e.s de l'école expérimentale...) à échanger sur les possibles et limites d'un tel travail d'inscription, en particulier quant il s'agit de « faire histoire ensemble ». Comment, plutôt que de raconter « l'histoire des autres », proposer dans les altérités multiples, une histoire qui nous manque : celle qui a manqué quantités de sujets, celle qui continue d'effacer les singularités en les assignant à des représentations héritées (Le Migrant, La Victime, Les Sauveurs...) ? Les images de lutte détenues par les concerné.e.s existent, elles sont à collecter, agencer, partager... c'est au travail de cela que nous nous mettrons le lendemain, en restant au croisement de la réflexion, de la sensation et de l'engagement.

 

Le studio Baraka est un collectif fondé lors de rencontres entre La Voix des Sans-papiers et des jeunes auteurices sortant de l’ESA St Luc. Après plusieurs mois ensemble, à décomplexifier le dessin, et à chercher comment nous pourrions mêler nos traits, nous avons décidé de nous lancer dans la fabrication de BD à huit mains. D’un travail laborieux individuel nous avons choisi d’aborder le support BD comme un espace à entrelacer nos univers. Chacun.e traitant la planche par un bout en laissant l’espace pour ajouter, modifier, accompagner, (re)construire pour l’autre. Nous voulions créer une unicité dans la pluralité. 
Au fil de nos conversations, de nos échanges, il nous est paru évident que nous devions traiter de la question du voyage. Que signifie « voyager » ? d’où l’on vient, d’où l’on va ? Comment, pour qui et pourquoi ? Le voyage est multiple, il est politique. Ensemble, nous avons constitué un studio de bande dessinée expérimental et innovant qui se met au service des récits des personnes en exil.