Sur une proposition de Léa Drouet et de Camille Louis, l’atelier 210 continue cette année l'« École Expérimentale » une école partant des expériences plus que des expertises et invitant des personnes dont on a l’habitude de faire des "objets d’étude" (les dites « minorités », « la jeunesse », « l’enfance », « les personnes âgées »….) à prendre leur place de sujets détenteurs de savoirs singuliers et en capacité de les transmettre, de les enseigner différemment. 

Géopolitique, géologique, géopoétique (en lien avec la pièce Bocas de Oro)

Pour ce premier weekend de la saison 22-23 qui ouvre « l’expérimental » souhaité par cette drôle d’école, il s’agira de passer du surplomb de la raison à l’aplomb de la sensation. En allant à la rencontre d’autres formes de savoirs détenues par des communautés praticiennes de pensée magique et/ou qui fréquentent le langage des sols en en exhumant les mille histoires recouvertes, nous apprendrons à penser/panser avec les pieds, à parler avec les pierres, à nous narrer en dehors de la Grande Histoire des forts mais au coeur des récits alternatifs partagés « petitement », au ras du sol, à fleur de peau. 

C'est donc du sol que nous partirons; ce sont des pierres et des présences invisibles que nous nous rapprocherons. Cela n'a rien d'une abstraction. Très concrètement nous partirons précisément de là où nous nous trouvons : l'espace de l'atelier 210. À travers une série de pratiques de sensations (écoute expressive, vision tactile, attention énergétique ) proposées par 3 des artistes de l'équipe de la pièce Bocas de Oro (la chorégraphe Marcela Santander Corvalán, la dramaturge Carolina Mendonça, la scénographe et éclairagiste Leticia Srycky) nous explorerons le lieu, ses autours, ses dessous, ses résonances... en même temps que nous, participant.e.s, nous rencontrerons différemment.

La journée du samedi sera donc toute entière de l'ordre de l’expérimentation et elle s’achèvera par la possibilité d’assister à la dernière représentation de Bocas de Oro. Le dimanche après-midi sera consacré, lui, à un retour d'expérience-discussion-fabrique de mémoire. Certain.e.s praticien.ne.s d'autres formes d’attention, présentes dès le samedi avec nous, pourront alors, en écho à ce qui se sera vécu la veille, partager les vertus thérapeutiques et les dimensions politiques de tels déplacement hors du logique, du rationnel, du dit « normal ». Grâce notamment à la présence de Roxane Gabet, chercheuse en anthropologie et sciences sociales à l’ULB, il y sera question d’entendeurs de voix, d’approches animistes, de récits « éco-érotiques » venant de peuples autochtones du Canada et contant, entre autre histoires, celle du mariage d’une femme à un bâton de bois ou encore des étreintes d’humain.e.s avec le vent.